Raoul Ficel
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Note : Raoul Ficel ne participait pas au Cognac Blues Passions 2010 mais y était présent afin d’y retrouver son manager, Denis Leblond, qui y accompagnait plusieurs groupes. C’est-ce dernier qui m’a présenté à Raoul et qui m’a proposé de réaliser l’entretien (complètement improvisé) que voilà. DB

Raoul, pour commencer, peux-tu me dire de quelle manière le blues s’est immiscé dans ta vie ?
Cela est lié à ma rencontre avec le bluesman Lenny Lafargue alors que j’étais adolescent.

Je l’ai rencontré il y a quelques mois. Il m’avait parlé de toi… Peux-tu revenir sur vos relations professionnelles et votre amitié ?
Cette amitié dure depuis 25 ans. Quand j’ai commencé la pratique de la guitare, c’est lui qui m’a appris à jouer et qui m’a initié au blues. J’allais le voir à l’occasion de ses concerts, nous faisions des « bœufs » ensemble. De fil en aiguille nous sommes devenus très proches. J’ai participé à quelques uns de ses albums et nous avons travaillé étroitement sur l’élaboration de mon nouvel opus. Il a pris la direction artistique du projet…

Outre Lenny, quels sont les premiers bluesmen qui t’ont marqué ?
J’écoutais beaucoup Lightnin’ Hopkins ainsi que Robert Johnson, T Bone Walker etc…

Quand as-tu commencé à te produire au sein d’un groupe. Était-ce aussi avec Lenny ?
J’ai rapidement fondé mon propre groupe qui se nommait Blue Velvet. Petit à petit j’ai commencé à me produire sous le nom de Raoul Ficel…

Pourquoi le nom Blue Velvet pour ton premier groupe. Était-ce en référence à David Lynch et à son film du même titre (datant de 1986, nda) qui t’aurait particulièrement touché ?
Pas spécialement, c’est un nom qui sonnait bien…

S’agissait-il déjà de blues « pur et dur » ?
Oui mais c’était les débuts (rires) !

Qui dit « débuts » dit anecdotes croustillantes, en aurais-tu une à me raconter ?
Je n’ai pas vraiment d’anecdote croustillante à te raconter, on va dire que nous faisions ce que nous pouvions avec du matériel qui n’était pas toujours très fiable (rires) !

Toujours en dehors de Lenny, quels sont les premiers bluesmen que tu as rencontrés et avec lesquels tu as joué ?
Lors d’un séjour en Suisse, où j’ai vécu pendant un an, j’ai rencontré l’harmoniciste Little JC Bovard avec lequel j’ai joué pendant très longtemps. Avec lui nous avons rencontré et accompagné Louisiana Red qui m’a beaucoup influencé. De même pour la chanteuse Big Time Sarah ainsi que pour Tommy Mac Cracken. Ce sont ces rencontres très marquantes qui m’ont poussé à continuer.

Quand on parle de Louisiana Red on touche à tout un pan de la musique populaire américaine, c’est une légende. Quand tu dis que ces gens t’ont marqué est-ce aussi bien musicalement qu’humainement ?
Bien sûr car quand tu  passes plusieurs jours avec Louisiana Red, c’est du blues en non stop!
Que ce soit la nuit, le jour ou au petit déjeuner, il ne vit que pour le blues. C’est quelqu’un qui n’est pas avare en conseils et qui te montre ce qu’il sait et ce qu’il a appris de ses aînés. Spirituellement c’est une chose intéressante.

A-t’il été facile de t’imposer et de te faire un nom en France puisque nul n’est prophète en son pays ?
Oui c’est toujours plus difficile d’être un musicien de blues français plutôt que d’être un artiste américain. Je me suis fait un nom avec le temps… Des fois c’est une chose qui vient sans qu’on le cherche. Mon premier disque, qui a été assez médiatisé, m’a aidé en cela.

L’essentiel de ton répertoire est en français, cela ajoute-t-il une difficulté supplémentaire ?
On va voir (rires) !
Actuellement je chante principalement en français car je n’arrive plus à faire autrement. Le blues en américain a constitué mon apprentissage mais au bout d’un moment je ne m’y retrouvais plus. Je ne pouvais plus faire autrement de chanter ce que j’avais envie de chanter et de raconter mes histoires.

En tant qu’auteur francophone, t’inspires-tu aussi bien des textes anglo-saxons que tu revisites ou es-tu plus touché par les mots de grands auteurs français ?
Au départ j’ai fait quelques tentatives à partir de textes anglais mais j’ai constaté que ça ne marche pas vraiment. Ce sont davantage des évènements personnels qui m’ont inspiré.
Si j’ai toujours écouté la chanson française, aujourd’hui je l’écoute différemment.

Quels sont les artistes qui te touchent dans la chanson française ?
Jacques Higelin me touche beaucoup, tout comme Charlélie Couture et Alain Bashung.
Puis j’apprécie aussi les « grands classiques » comme Gainsbourg, Brassens…
Au point de vue « écriture », ce sont les textes d’Higelin et de Bashung qui ont ma préférence.

Higelin et Bashung ont su se créer des univers très personnels. A l’instar de ces artistes essayes-tu de te forger un son qui sorte des sentiers battus ?
Je ne sais pas si ça sort des sentiers battus mais j’essaye de produire un langage qui me soit propre.
Il y a aussi un travail qui est fait sur le son du groupe afin de mixer des sons roots à des choses plus modernes.

Tu sors, actuellement, un nouvel album « Qui a tué Robert Johnson? ». Avant d’aborder le thème de ce disque, peux-tu revenir sur les collaborateurs qui y ont participé ?
Ce projet est né en collaboration avec Lenny Lafargue. J’y ai apporté mes chansons et lui aussi est venu avec du « matériel » puisque certains textes, musiques et arrangements sont de lui.
Pouvoir confier un tel projet à quelqu’un de confiance a été une expérience très enrichissante.
Son travail se rapprochait de celui du metteur en scène dans le domaine du théâtre.
C’était la première fois que je travaillais de la sorte et je suis, aujourd’hui, conscient que le fait d’avoir un regard extérieur est une très bonne chose. De plus nous nous connaissons très bien et il savait où je voulais aller.
Les musiciens qui m’accompagnent sur cet album sont Alain Fourchereaud (de Bordeaux) à la batterie, Bruno Consolo (de Villeneuve-sur-Lot) à la basse (remplacé par Jules Rousseau sur un titre). Notons aussi la participation d’un percussionniste sur quelques morceaux (Gilles Premel-Katzin), Aline Ligeron aux chœurs, Jan Sanchez à l’orgue et Mustafa Harfi (un joueur d’oud) sur la dernière chanson.
Nous voulions, en effet, mélanger notre style à de la musique arabe sur « Combien de temps? ».

Tu faisais un parallèle intéressant avec le théâtre. Justement, vu le titre de cet album, peut-on s’attendre à une trame particulière un peu comme dans une pièce. Y-a-t’il un fil conducteur ou non ?
Il n’y a pas de fil conducteur, « Qui a tué Robert Johnson? » est juste le titre d’une chanson et de l’album. D’ailleurs je n’ai toujours pas la réponse (rires) !
Ce qui lie tout cela, ce sont les relations de couple… ce qui donne souvent le blues, du bon comme du mauvais côté.

N’est-ce pas paradoxal de compter autant d’artistes de blues talentueux en France, alors que les scènes pour les accueillir se font rares et que ce style musical est sous-médiatisé ?
Il y a un manque évident d’intérêt de la part des médias…
Le public est toujours content lors des concerts mais il n’y a, malheureusement, pas de suivi…

Quelle serait, selon toi, la solution afin se faire connaître. Crois-tu en Internet par exemple ?
Je n’utilise pas tellement Internet car je n’y comprends pas grand-chose (rires) !
Ceci-dit je pense que c’est un bon moyen afin de faire découvrir sa musique dans le monde entier.
De plus les jeunes cherchent à découvrir de nouvelles choses sur Internet…

Quels sont, toujours en dehors de Lenny, les musiciens de blues français qui t’impressionnent le plus  actuellement ?
J’aime beaucoup Benoit Blue Boy. D’abord nous sortons, presque simultanément, nos albums respectifs sur le même label (Tempo). C’est la même chose pour Stan Noubard Pacha que je considère comme un très bon guitariste. Je trouve aussi beaucoup d’intérêt à de nombreux groupes émergents.

Professionnellement, qu’est-ce qui t’es le plus important actuellement ?
De pouvoir faire le maximum de concerts et le plus longtemps possible. Je prends beaucoup de plaisir à interpréter les morceaux de mon nouvel album et j’ai une très bonne équipe de musiciens.

As-tu déjà des dates importantes de prévues ?
Il y en a quelques unes à partir de l’automne. Notamment au New Morning, à Paris, en décembre afin de présenter les album de Benoit, de Stan et le mien.

As-tu une conclusion à ajouter ?
Non, pas spécialement, car la nuit a été très longue et j’espère qu’il y en aura d’autres (rires) !
Merci à toi…

Remerciements : Denis Leblond (Tempo Spectacle)

www.myspace.com/raoulficel

 

 

 

 

 
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Interview réalisée
Cognac Blues Passions
le 30 juillet 2010

Propos recueillis
par David BAERST

En exclusivité !

 

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